Nous attaquons ici le dernier article de notre série consacrée à l’élaboration et au suivi d’un budget dans le cadre familial. Les deux précédents articles sont ici et ici.
Nous avions vu qu’il fallait établir un tableau des dépenses vie courante (DVC), des dépenses pour investir (DINV) et des dépenses pour épargner (DEP).
Le tableau de bord de votre épargne
En fusionnant les trois tableaux et en rajoutant les revenus du travail, vous devez obtenir quelque chose qui ressemble à ça :
Les montants qui figurent dans la colonne SOMME/M sont imaginaires, ils correspondent à un exemple de budget pour un salaire global de 1000€/m. Vous constatez que je laisse un petit reliquat en pied de colonne pour les dépassements éventuels (par exemple une surconsommation de téléphonie ou d’électricité). Ce tableau est vivant et doit être entretenu au fil de l’eau. L’effort est minime, il s’agit par exemple de mettre à jour la ligne “impôts” quand ceux ci évoluent (soit une fois par an).
Les deux lignes “Budget carte bleue” correspondent aux dépenses non récurrentes et c’est sur elles – et seulement sur elles – que porte l’effort de suivi afin de pouvoir maîtriser son budget. C’est tout l’intérêt de cette méthode qui est de limiter au maximum l’effort demandé pour garder le budget familiale sous contrôle.
Maîtriser le budget “carte bleue”
Le “budget carte bleue” intègre les dépenses de consommation courante (nourriture, boisson, produits d’entretien, produits d’hygiène, papeterie, vêtements, etc..) ainsi que les “dépenses plaisir” (restaurant, chaussure, la dernière visseuse Bosch forcément indispensable, etc.). Ces dépenses sont difficiles à estimer d’un mois sur l’autre et ne sont donc pas considérées comme récurrentes. Elles se font le plus souvient via la carte bleue (d’où son nom) mais elles peuvent également se faire en chèque ou en espèce. A l’inverse, les autres postes du budget sont plutôt prélevés/virés automatiquement depuis votre compte bancaire.
Petite aparté en passant : évitez autant que possible les paiements par chèque. On ne sait jamais quand ils passent en paiement (en général plus vite qu’une carte si elle est à débit différé), ils sont moins sécurisés qu’une carte de paiement et ils imposent plus d’effort de suivi (“chériiiiie, c’est quoi ce p… de chèque de 200€ qui vient de passer sur le compte?!!”). Et en plus, il faut écrire dessus avec un stylo et pas un clavier ! Oui je déteste les chèques.
Le “budget carte bleue” est véritablement la variable d’ajustement du budget familial (surtout la partie “dépense plaisir”) car les autres lignes sont relativement incompressibles à moins de les sacrifier. C’est souvent la dernière ligne à calculer quand on établit un budget et elle est étroitement corrélée au niveau de vie (plus de revenu = plus de plaisirs). Le budget “carte bleue” est à partager entre les époux, celui qui se farcit le supermarché du samedi ayant évidemment la plus grosse part (les 4/5 dans notre cas).
Établir le “budget carte bleue” c’est bien, le maîtriser c’est mieux et c’est là qu’il y’a souvent des problèmes (et des disputes) ; pour cela, il y’a quelques règles à respecter :
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Réduire ce poste au maximum : si une dépense peut être estimé de manière à peu prés fiable d’un mois sur l’autre, passez la sur une ligne indépendante dans le tableau DVC. Cela permet d’ailleurs de gagner en sérénité comme je l’explique dans l’article “Pour vivre heureux, raisonnez budget et non dépenses”.
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Suivre la dépense carte bleue à la semaine et non au mois car c’est une durée plus facile à maîtriser. Un petit carnet (ou un bloc note du smartphone) sur lequel on reporte le montants des facturettes dans un moment de creux et le tour est joué. Il faut aller du samedi au samedi car c’est généralement ce jour que se font les grosses dépenses de la semaine au supermarché.
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Si vous retirer du liquide, vous le comptez comme une sortie dans votre budget “carte bleue” indépendamment de l’usage que vous en ferez. Ça permet de simplifier grandement le suivi et de toute façon, ce liquide sera dépensé.
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Il existe d’autres règles plus optionnelles mais qui peuvent rendre service : on peut tirer chaque semaine la somme correspondante en liquide car ça permet de visualiser la dépense et de savoir immédiatement ce qui reste dans le budget. Une autre approche est d’ouvrir un compte Nickel à 20€/an (ou tout autre compte bancaire peu cher) et de virer chaque semaine la somme correspondante. La carte Mastercard® associée au compte étant bloquée, ça permet d’éviter les dérives. Mais mon épouse ayant menacé de me crever les yeux si je lui imposais ça, j’ai quelque peu renoncé à cette option.
Dans tous les cas, la règle d’or à bien mémoriser et appliquer est la suivante : si une dépense “vie courante” n’est pas budgétisée dans une ligne du tableur DVC et si elle n’est pas prélevée sur le compte épargne, alors elle est forcément imputée sur le “budget carte bleue”. Reste à savoir si c’est “elle” ou “lui” qui supportera la dépense, ce qui peut nourrir quelques conversations savoureuses.
Le suivi global du budget
Si vous respectez les règles édictées dans cet article, le suivi global de votre budget est réduit à sa plus simple expression : il suffit de se connecter sur votre compte bancaire DVC une fois par mois à la même date (dans l’idéal le 5 ou le 10 quand il n’y a pas trop de mouvement) et de vérifier que le solde reste à peu prés le même (ou légèrement supérieur). C’est aussi simple que ça. S’il y’a de grosses variations, c’est qu’il y’a un problème quelque part et il faut trouver où : une dépense récurrente qui a été oubliée, un problème de maîtrise du budget “carte bleue”, etc.
En pratique je vous recommande de faire le point de votre patrimoine (incluant le compte DVC) une fois par mois : c’est un exercice gratifiant, surtout quand on constate que son patrimoine évolue dans le bon sens et que vos efforts sont récompensés. Je ferai un article sur ce thème ultérieurement.
Et si je n’arrive pas à équilibrer mon budget?
Le budget “carte bleue” est calculé en faisant la différence entre le(s) revenu(s) du travail et ce que consomment les autres postes, incluant les investissement (DINV) et l’épargne (DEP). Si vous constatez à l’usage qu’il est trop ric-rac, commencez par reconsidérer vos virements “épargne”, “investissements” non bloqués et certains postes du tableau DVC (par exemple en réduisant le forfait internet ou en sacrifiant la femme de ménage).
Si à la fin, vous ne parvenez toujours pas à équilibrer votre tableau, c’est peut être tout simplement que votre situation n’est pas tenable et qu’il y’a une décision à prendre. Il y’a toujours une solution à tout mais certaines solutions sont inconfortables, radicales et/ou risquées. J’ai par exemple une amie qui est au SMIC depuis des années et qui habite en région parisienne qui est sans doute le pire endroit en France pour vivre quand on est smicard. Pourtant, elle n’a jamais voulu tenter sa chance dans une ville en province qui lui aurait apporté un meilleur niveau de vie et le logement social qu’elle n’a jamais réussi à avoir. Car finalement, agir est toujours inconfortable et on finit par s’habituer à tout.
Comme toujours, la théorie c’est bien, la pratique c’est mieux donc lancez-vous et créez le tableau de bord de votre budget familial. Même si ce n’est pas parfait, ce n’est pas grave, l’important est d’avoir une base qu’on peut améliorer.
Si vous souhaitez tout connaitre de cette méthode très simple et efficace de gestion d’un budget familial, vous pouvez acheter un petit e-book (pas cher!) que j’ai écrit sur le sujet : « Maîtrisez votre budget familial avec la méthode des 3 comptes – Vous n’aurez besoin que de 30 minutes par mois« .
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