Comme beaucoup de personnes autour de vous, vous avez surement pensé à vous lancer dans un potager. C’est un passe-temps agréable qui permet aussi d’acquérir un certain niveau d’autonomie alimentaire. Que vous disposiez d’un morceau de jardin ou d’un balcon, vous pouvez vous lancer et acquérir progressivement les compétences nécessaires pour faire pousser vos propres fruits et légumes.
Mais est ce que ça vaut vraiment le coup? Si vous deviez considérer votre potager comme une source de revenu complémentaire, combien gagneriez-vous vraiment?
Si vous débutez, je vous recommande la culture en bac de culture ou en planches de culture qui sera plus facile et moins pénible pour votre dos. Les ressources ne manquent pas sur internet pour se lancer ! Le site https://mon-potager-en-carre.fr/, par exemple, propose des solutions intéressantes pour mettre en place un potager qui soit à la fois beau (parce que oui c’est important !), productif et facile à entretenir (low maintenance).
Si vous êtes à l’aise avec l’anglais, la chaine Youtube Self Sufficient Me et son million d’abonné est aussi une ressource inépuisable sur le sujet.
Pour autant, soyez conscient qu’un potager vous demandera du temps et de l’énergie et c’est là que se pose la question de sa rentabilité. Si votre objectif principal est d’améliorer votre niveau de résilience, il existe d’autres solutions moins exigeantes telles que la réserve alimentaire ou les circuits courts qui répondent à la plupart des risques envisageables de rupture alimentaire.
Je n’aborde pas ici la question du plaisir associé à la réalisation de son potager : c’est en effet une activité très gratifiante qui a également l’avantage de vous entretenir physiquement et de fournir une foule d’activités intéressantes pour les enfants.
Si vous êtes passionné par l’idée de voir pousser vos propres fruits et légumes, n’allez pas plus loin et lancez-vous car cette question de rentabilité n’a alors que peu de pertinence.
Pourquoi s’intéresser à cette question de rentabilité ?
Votre problème – qui est aussi le mien – c’est que vos journées n’ont que 24h et que vous devez donc appliquer le principe de Pareto : se focaliser en priorité sur les 20% d’efforts qui vous apportent 80% de votre bénéfice de vie.
Le potager fait-il partie de ces 20% ? Cela dépend de la valeur de votre temps. Si vous vous consacrez à la mise en place d’un potager, ça sera nécessairement au dépend d’autre chose potentiellement plus intéressant. En économie, on appelle ça le « coût d’opportunité ».
Evidemment, si vous décidez de vous consacrer entièrement à devenir autosuffisant en vous retirant dans une ferme achetée pour une bouchée de pain dans la Lozère, le coût d’opportunité sera nul et vous n’avez pas de question à vous poser. Mais cette approche est réservée à une infime minorité.
Combien ça rapporte de l’heure de faire le potager ?
Pour savoir s’il est vraiment rentable de se lancer dans un potager vivrier, je me suis principalement basé sur la chaine YouTube appelée « Le potagiste » qui est réalisée par un ingénieur.
J’apprécie particulièrement cette chaîne pragmatique et efficace consacrée au potager. Elle s’appuie sur une base théorique solide et n’hésite pas à aller à rebours de quelques vaches sacrées telles que la permaculture ou l’emploi du glyphosate.
L’auteur a également l’avantage de mettre son potager en suivi de gestion pour savoir exactement ce qu’il coûte et ce qu’il rapporte. C’est une démarche rare (on reconnait l’ingénieur !) dans ce milieu souvent empreint de lyrisme décroissant.
Dans la vidéo « quelle surface et quel temps accorder au potager », l’auteur donne quelques chiffres clé intéressants : ses 300 mètres carrés de potager produisent environ 600 kg de légumes par an pour une valeur totale estimée à 1600€.
Son potager représente une charge moyenne annuelle d’une demi-journée travail par semaine ce qui donne une métrique d’environ 1h/an du mètre carré.
Evidemment, il y’a de grosses variations en fonction des saisons : de 0,25 j/sem en hiver à 1 j/s en juillet-aout. La vidéo (que je vous recommande de visionner) présente le détail de répartition de cette charge entre les différentes phases de préparation, semis, plantation, entretien et récolte.
A cela s’ajoute la « post-production » c’est-à-dire l’utilisation de la production pour la cuisine, la réalisation des conserves ou la vente pour gérer l’excès de production.
Dans une autre vidéo intitulée « combien ça rapporte de l’heure de faire le potager », l’auteur précise ces chiffres pour l’ensemble de l’année 2019 en calculant un salaire horaire sur la base suivante : Récolte : 1600€ ; dépense : 400€ ; heures de travail : 180 h. Soit un taux horaire de 6,67€.
Ce n’est pas énorme mais, d’après l’auteur, plusieurs pistes d’optimisation (éviter certaines erreurs, culture bio, serre pour allonger la saison, etc.) permettraient de monter assez facilement ce taux horaire à 8 ou 10€ de l’heure .
A cela s’ajoute quelques avantages non négligeables comme le fait de travailler chez soi et pour soi, d’avoir un joli jardin et d’être certain de la qualité des fruits et légumes que vous mangez. Cependant, il faut aussi être conscient qu’avoir un potager peut-être contraignant quand on doit partir loin de son domicile (en vacances par exemple).
Il est possible de faire beaucoup mieux que 8 ou 10€ de l’heure en commercialisant sa production mais c’est une logique totalement différente et beaucoup plus « physique » également. Un maraicher bio bien positionné sur son marché local qui suit un modèle hautement productif tel que celui de Jean-Martin Fortier peut générer plus de 100 000€ de vente par an avec une mini-ferme d’un hectare. C’est un sujet passionnant qui fera l’objet d’un autre article.
Alors, que faut-il en conclure ?
Si vous disposez d’une surface cultivable d’au moins 300 m carrés et que vous décidez de vous lancer sérieusement dans la réalisation d’un potager, vous pouvez considérer que vous serez parvenu à créer un revenu complémentaire payé l’équivalent d’un smic horaire.
Si vous pouvez consacrer une demi-journée par semaine à ce potager et que vous n’avez pas de moyen évident de rentabiliser cette demi-journée par semaine au-delà de 10€ de l’heure (l’objectif que vous devez viser pour votre potager), alors ça peut-être une option intéressante.
Vous améliorerez votre santé et votre résilience alimentaire, vous vous donnerez des occasions de passer du temps avec vos enfants, vous aurez un joli jardin et un boulot à domicile loin des bouchons et des collègues désagréables.
A l’inverse, si vous avez un moyen pour tirer beaucoup plus de 10€/h de cette demi-journée de libre par semaine (soit 175€/m) et que vous ne ressentez pas de passion particulière à regarder pousser vos légumes, alors il sera peut-être plus intéressant :
- de vous limiter à la mise en place d’une réserve alimentaire,
- de privilégier les circuits courts d’approvisionnement en vous rapprochant des agriculteurs proches de chez vous, via les réseaux AMAP par exemple.
En faisant ce petit effort, vous aurez déjà largement contribué à bâtir votre résilience alimentaire.
N’hésitez pas à commenter cet article ! : toutes les idées sont bonnes à prendre.
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Merci pour cette article qui est en total accord avec les changements profonds que nous vivons dans notre société actuelle. Une réflexion que de plus en plus de personnes auront dans ce qu’on appelle « le monde d’après » ou « le nouveau normal ». En tout cas cela donne de l’espoir.
Article très intéressant, je me suis toujours demandé si on faisait des économies quand on avait un potager. Cependant je n’avais pas pensé à compter le temps passé. Je pense que c’est plus une question de plaisir et de savoir ce qu’on a dans notre assiette.
Oui je suis d’accord Maeva mais d’expérience, on est plus motivé et surtout plus rigoureux sur la durée si on envisage la gestion de son potager comme une source de revenu complémentaire. Sinon on se lance puis on laisse tomber car c’est un vrai boulot pour un gain à priori maigre puisqu’il suffit d’aller au supermarché du coin pour acheter de magnifiques légumes pas forcément chers et parfois même bio.
Mais évidemment, s’il y’a une vraie passion à faire son potager, c’est le must et c’est la meilleures des motivations ! 🙂