Cela fait maintenant plusieurs années que nous vivons en Polynésie Française.
Depuis le jour où j’ai saisi l’occasion d’accepter un poste dont, bizarrement, personne ne voulait pour occuper un poste de chef de service dans une grosse structure locale.
Ce poste s’est avéré particulièrement lourd et contraignant mais ça en valait vraiment le coup : j’ai découvert un pays magnifique et surtout structurellement sain avec une vraie qualité de vie et une insécurité quasi-nulle. Et nous avons fini par nous y installer définitivement.
Paris brûle-t-il?
Même pour un salaire confortable, j’étais réellement fatigué de vivre dans ce moloch qu’est devenu Paris, surpeuplée, chère et même dangereuse. Une ville dans laquelle les gens ordinaires sont en concurrence pour tout : les logements corrects, les places de parking, les places en crèche, l’accès à la route pour se rendre à son travail tout simplement, …
Paris est la parfaite illustration de la théorie marketing de l’océan rouge / océan bleu.
D’après cette théorie célèbre popularisée en 2005 par 2 chercheurs de l’INSEAD, certains business ne sont structurellement pas rentables simplement parce qu’il y’a trop de monde dessus, trop de concurrence qui tire les marges vers zéro. Quelques soient les efforts que vous faites, vous aurez beaucoup de mal à en vivre car la compétition y est sanglante : il y’a trop de requins dans le même bassin qui se mangent entre eux. C’est l’océan rouge.
Paris (et la plupart des grandes mégapoles mondiales) est un océan rouge. Pour y vivre confortablement, surtout si vous avez des enfants, il faut avoir des revenus vraiment élevés ou bénéficier d’une situation privilégiée : c’est le cas de tous les rentiers qui ont eu la chance de disposer d’un capital pour y acheter au bon moment, vers la fin des année 90.
Si vous voulez avoir une vie de qualité, vous devez refuser l’océan rouge et rechercher l’océan bleu, là où la concurrence est faible. Vivre dans l’océan rouge finira par vous épuiser et vous abrutir. Les journées y sont toujours trop courtes, l’espace trop contraint, les transports trop congestionnés.
La vie y est une course de rats sans aucun sens qui passe en un éclair.
Où trouver les océans bleus?
Il existe une multitude d’océans bleus, y compris en France. Des villes comme Clermont-Ferrand ou Limoges, des département comme celui de La Manche sont à la fois peu chers et offrent un cadre de vie agréable et raisonnablement sûr.
A l’international, les pays d’Europe de l’Est sont des océans bleus intéressants, culturellement proches, peu chers et sûrs avec un niveau de développement qui se rapproche de celui des grandes pays occidentaux.
Ainsi l’indice du coût de la vie calculé par le site Numbeo.com est de 85 pour Paris et 70 pour les grandes villes de province. Il tombe à 65 dans la très agréable ville de Vienne (Autriche), 45 pour Prague (Tchéquie), 41 pour Varsovie (Pologne) et Budapest (Hongrie), 30-35 pour la Roumanie et la Bulgarie.
Séville (48) et Lisbonne (49) sont également des options à considérer, surtout si vous êtes retraité.
Ne négligez pas les Etats-Unis si vous avez l’occasion d’être affecté dans ce pays. Le coût de la vie y est aussi important qu’en Europe de l’Ouest mais les salaires y sont beaucoup plus élevés. En fuyant les villes hors de prix telles que Détroit, Los Angeles ou New York, vous pouvez par exemple vivre dans l’agréable ville de Dallas où l’indice de pouvoir d’achat local (ratio revenu/coût de la vie) est de 1,47 alors qu’il est au mieux de 0,98 à Toulouse pour la France !
Notez d’ailleurs que cet indice n’est que de 0,66 à Paris ce qui confirme que vivre à Paris est une mauvaise affaire quand on ne fait pas partie de la classe des hauts revenus.
A vous de définir vos objectifs et vos limites : l’Afrique est incontestablement un océan bleu et on y parle français dans beaucoup de pays. Mais avez-vous envie d’aller y vivre ? A bien des égards, c’est un excellent plan mais qui nécessite une grosse capacité d’adaptation.
La théorie de l’océan bleu s’applique à d’autres domaines que votre lieu de vie, par exemple votre milieu professionnel.
Lorsque j’étais jeune cadre, j’ai demandé à travailler dans une petite direction au nom imprononçable. C’était plutôt un poste à vocation diplomatique et commerciale. Comme j’étais issu de la filière « ingénieur », la DRH s’est roulée par terre en m’expliquant que je piétinais ma carrière. Je ne suivais aucun de leur « parcours-type ».
Ce fut non seulement un poste passionnant mais également celui qui m’a donné la meilleure promotion. Evidemment, je courrai le risque de me planter mais si j’étais resté dans mon ancienne direction, j’aurais été noyé dans la masse sans perspective d’avancement.
OK mais comment on change d’océan?
Pour changer d’océan, le plus simple est de rester activement à l’écoute des opportunités qui se présentent, d’être patient et de savoir les saisir.
Ne pensez pas que la concurrence soit délirante ; d’abord, il y’a peu de personnes qui font l’effort de définir leurs objectifs et de mettre en place une veille active pour changer d’océan.
Ensuite, même quand cette opportunité se présente, rares sont ceux qui franchissent le pas. De manière générale, les gens n’aiment pas changer pour l’inconnu.
Je me souviens d’un poste très bien payé qui était disponible aux Etats-Unis et pour lequel il fallait un cadre ancien (ce que je n’étais pas). Au début du processus de recrutement, il n’y avait que 7 candidats dont 3 « touristes » peu crédibles pour le poste. Celui qui a été finalement retenu était fou de joie mais il s’est finalement désisté … parce que sa femme « angoissait ».
La voie royale pour changer d’océan est de bénéficier d’une mutation par votre entreprise ce qui vous facilitera vraiment la vie. Sinon il faudra vous prendre en main, réunir suffisamment d’argent et vous lancer. Ce n’est ni facile ni confortable, surtout quand on a des enfants. Mais avec un plan bien construit, vous n’avez pas de raison d’échouer.
Si vous peinez à retrouver un poste salarié, une piste intéressante est de lancer un business en franchise. Vous bénéficiez de l’assistance et du renom d’une entreprise solidement établie, même si ça a un prix, ce qui accélère vraiment le décollage de votre business. Ne croyez pas qu’il faille nécessairement être un spécialiste du domaine, les franchiseurs préfèrent souvent avoir affaire à des personnes peu expertes qui appliqueront leurs processus à la lettre.
Quel que soit votre choix, je vous conseille vraiment de ne pas démissionner mais de vous mettre en disponibilité de votre entreprise (par exemple en congé pour création d’entreprise). Ce dispositif vous offre un filet de secours appréciable pour retrouver votre ancien boulot si les choses ne tournent pas comme vous le souhaitez.
Et surtout, soyez souple. Partir à Tahiti n’était ni notre 1er ni notre 2ème choix. En fait on n’y avait même pas pensé. Nous étions plutôt sur des postes aux Etats-Unis ou aux EAU. Mais ce poste s’est présenté et nous avons saisi l’opportunité sans trop savoir ce qui nous attendait.
Il existe une loi bizarre dite « de l’attraction » qui veut que si vous vous battez vraiment pour quelque chose, l’univers semble conspirer pour vous aider à le réaliser. Certains y voient la main de Dieu d’autres le simple produit de vos efforts. Quoi qu’il en soit, j’ai souvent constaté qu’à partir d’un certain niveau d’acharnement, le problème n’est plus de trouver des opportunités mais de choisir la bonne.
Donc accrochez-vous et réfléchissez dès aujourd’hui à votre plan pour sortir de la course de rats. Il est probable qu’il vous faudra 1, 2 voire peut-être 3 ans pour le réaliser mais vous connaissez le dicton : « si c’était facile, tout le monde le ferait » …
Vraiment très intéressant cet article ! Personnellement je me pose régulièrement la question (ayant la chance de passer un an à voyager en Amérique du Sud) sur le meilleur compromis. Nous avons (en Europe occidentale) tout de même la chance d’avoir un pouvoir d’achat énorme… L’idéal selon moi serait de travailler avec internet pour vendre des services à distances aux européens et nord américain tout en bénéficiant d’un cout de la vie très faible. A quoi bon chercher une augmentation salariale de 10% si en réduisant son coût de la vie on double sa capacité d’achat et de bien vivre ?
Bonjour Nicolas oui effectivement générer un revenu dans une monnaie forte (euro ou dollar) pour pouvoir vivre dans un pays à faible coût de la vie est vraiment un bon plan. Voir par exemple le blog https://www.famille-nomade-digitale.com/ sur ce sujet.
Dans les autres sujets que je n’ai pas évoqué, il y’a également la fiscalité (bien plus intéressante dans les pays à faible coût de la vie) qui pèse beaucoup sur le revenu disponible.
De manière générale, je pense que les pays occidentaux (à part peut-être les USA) n’offrent plus un cadre de vie si intéressant que cela en comparaison d’autres pays, du moins pas autant qu’il y’a 20 ans. On peut aussi se poser la question de la pérennité à long terme de ces pays face aux problèmes de dette, de troubles sociaux et sociétaux, de déconnexion croissantes des élites, etc. Mais c’est encore un autre sujet! 😉
Merci beaucoup pour cet article très intéressant. Je ne connaissais pas la théorie de l’océan rouge/bleu, et cet article m’a beaucoup parlé car je vis à Paris et j’évolue dans un métier où la concurrence nationale et internationale fait rage.
Pour se démarquer dans cet océan rouge, il n’y a pas d’autre choix, si l’on ne veut pas forcément changer de métier/pays que de trouver des niches dans son secteur.
Et effectivement, on peut avoir des surprises : la niche qui m’offre aujourd’hui 80% de mes revenus, n’était pas au départ pas du tout une activité à laquelle j’avais pensé! 🙂 La vie est donc pleine de belles surprises à condition d’accepter de se laisser surprendre. 🙂
Belle continuation,
Bonjour Nathalie. Effectivement il faut savoir se montrer souple et opportuniste : de manière générale, il est beaucoup plus rentable d’être un gros poisson dans une petit mare qu’un petit poisson dans une grande mare ! 😉 Bonne continuation, merci pour le commentaire!
Super article ! Bravo d’avoir le courage de vivre en Polynésie, ça m’inspire tellement ! Pour rester dans la métaphore marine, j’aime dire qu’il faut savoir pêcher large. C’est-à-dire que non seulement il faut rester à l’écoute des opportunités comme tu dis, mais être capable de toutes les voir. Faut avoir des balls pour se dire que oui, la Polynésie ou les Etats-Unis sont une option ! Et puis je pense que y a tellement d’océans bleus où on pourrait être bien plus heureux, mais qu’on ne peut pas savoir lesquels tant qu’on ne les a pas testé… Mais du coup ça fait beaucoup d’océans à visiter ! En tout cas merci pour ton article, il m’a donné envie de partir à l’aventure en mode Vaiana ! 🙂
Bonjour Margaux merci pour ton commentaire. Ce que j’ai voulu faire passer dans ce post, c’est que changer d’océan n’est pas si difficile que ça à condition de mettre en place une veille active (par exemple aller voir la RH et lui faire part de votre projet), d’être patient et opportuniste. Les opportunités sont ce qu’elles sont et elles ne t’emèneneront pas dans tous les océans! en fait ce n’est pas trop toi qui choisi tu fais simplement le meilleur choix parmi ce qu’on te propose ! 😉
Article très sympathique à lire qui me parle beaucoup (au regard de ma situation actuelle). Je vis justement à Paris et j’ai la ferme intention de quitter cet océan rouge que je ne supporte plus. Et je crois que j’ai trouvé mon océan bleu. Il ne reste plus qu’à vendre mon appartement et changer d’océan. C’est rigolo aujourd’hui je suis tombée sur deux articles. Celui-ci et un autre sur « comment rédiger son annonce de vente immobilière ». La loi de l’attraction a été évoquée ici aussi. Justement puisqu’on en parle. Je crois aussi aux signes de l’univers. Alors merci pour cet article qui confirment les signes que l’univers m’envoie !
Merci Natacha, bonne chance pour votre nouveau projet de vie !
Bravo pour cet article qui fait écho aux préoccupations de nombreuses personnes, je crois. La vie est essentiellement affaire d’opportunités, encore faut-il être prêt à les saisir ! On peut ajouter qu’aller voir ailleurs, c’est souvent aussi l’occasion de développer sa créativité.
Merci Alexandre, heureux que l’article t’ai plus. Je l’ai rédigé d’une traite et j’ai laissé de coté pas mal de considérations intéressantes que j’aborderai peut-être plus tard. Par exemple le fait qu’aller voir ailleurs offre un autre point de vue sur le monde qui nous entoure comme tu le soulignes. Un des trucs que j’avais du mal à supporter dans mon océan rouge, c’était effectivement l’incroyable conformisme mou des gens qui nous entouraient. Une véritable bulle.